lundi 30 juin 2008

Dinah en strings, c'est magique !

Pour illustrer mon propos de la précédente note : Dinah Washington, "Look to the rainbow".

samedi 28 juin 2008

Avec ou sans strings

Il est plus d'un artiste de jazz qui a suivi l'exemple de Charlie Parker de jouer avec un orchestre à cordes. L'idée de base est commerciale : il s'agit de "mettre le génie à la portée du grand public". Le résultat est parfois excellent, et ce fut le cas pour Bird, un accompagnement banal peut parfois mettre en valeur le soliste, comme un magnifique joyau posé sur un sopalin, un tableau de maître accroché sur un mur de parpaings... Mais attention, le soliste doit vraiment être exceptionnel, sinon on obtient la pire daube qui soit ! Autre exemple de réussite : Dinah Washington, dont les albums avec orchestre sont vraiment magnifiques tant ils mettent sa singulière voix en valeur.
Et puis il existe une autre voie, certes moins empruntée, mais plus intéressante : l'artiste qui arrange lui-même la partition de l'orchestre pour l'intégrer à son discours, de façon créative et non commerciale. Ce fut le choix d'Alice Coltrane, à deux reprises au moins. D'abord sur l'album "Infinity" de John Coltrane, où elle ajouta, à la grande stupeur indignée des puristes coltraniens, des arrangements de cordes après la mort de John. Ensuite sur l'album "World Galaxy", sous-titré "Alice Coltrane with strings". Sur ces deux albums elle a fait un travail formidable, inspirée par les compositeurs du début du vingtième siècle, Debussy en tête.
En voici un exemple, tiré de "World Galaxy" : "Galaxy in Turiya".

dimanche 22 juin 2008

La révolution ne sera pas télévisée

"The revolution will not be televised", chanson engagée de Gil Scott-Heron est un trait d'union entre le jazz et le rap. Songez que ce morceau date de 1971 et mesurez ce que lui doit l'actuel slam...

Et pour mieux apprécier la poésie et la violence polémique de ce texte, en voici les paroles :

You will not be able to stay home, brother.
You will not be able to plug in, turn on and cop out.
You will not be able to lose yourself on skag and skip,
Skip out for beer during commercials,
Because the revolution will not be televised.

The revolution will not be televised.
The revolution will not be brought to you by Xerox
In 4 parts without commercial interruptions.
The revolution will not show you pictures of Nixon
blowing a bugle and leading a charge by John
Mitchell, General Abrams and Spiro Agnew to eat
hog maws confiscated from a Harlem sanctuary.
The revolution will not be televised.

The revolution will not be brought to you by the
Schaefer Award Theatre and will not star Natalie
Woods and Steve McQueen or Bullwinkle and Julia.
The revolution will not give your mouth sex appeal.
The revolution will not get rid of the nubs.
The revolution will not make you look five pounds
thinner, because the revolution will not be televised, Brother.

There will be no pictures of you and Willie May
pushing that shopping cart down the block on the dead run,
or trying to slide that color television into a stolen ambulance.
NBC will not be able predict the winner at 8:32
or report from 29 districts.
The revolution will not be televised.

There will be no pictures of pigs shooting down
brothers in the instant replay.
There will be no pictures of pigs shooting down
brothers in the instant replay.
There will be no pictures of Whitney Young being
run out of Harlem on a rail with a brand new process.
There will be no slow motion or still life of Roy
Wilkens strolling through Watts in a Red, Black and
Green liberation jumpsuit that he had been saving
For just the proper occasion.

Green Acres, The Beverly Hillbillies, and Hooterville
Junction will no longer be so damned relevant, and
women will not care if Dick finally gets down with
Jane on Search for Tomorrow because Black people
will be in the street looking for a brighter day.
The revolution will not be televised.

There will be no highlights on the eleven o'clock
news and no pictures of hairy armed women
liberationists and Jackie Onassis blowing her nose.
The theme song will not be written by Jim Webb,
Francis Scott Key, nor sung by Glen Campbell, Tom
Jones, Johnny Cash, Englebert Humperdink, or the Rare Earth.
The revolution will not be televised.

The revolution will not be right back after a message
about a white tornado, white lightning, or white people.
You will not have to worry about a dove in your
bedroom, a tiger in your tank, or the giant in your toilet bowl.
The revolution will not go better with Coke.
The revolution will not fight the germs that may cause bad breath.
The revolution will put you in the driver's seat.

The revolution will not be televised, will not be televised,
will not be televised, will not be televised.
The revolution will be no re-run brothers;
The revolution will be live.

mercredi 18 juin 2008

Bof, ça ou peindre des cailloux !


J'ai déjà parlé de ce superbe polar de Claude Miller : "Mortelle randonnée", avec Serrault et Adjani. La musique est de Carla Bley, avec en musique additionnelle le lied avec piano et clarinette "Der Hirt auf dem felsen" de Schubert. Il est maintenant temps de se l'écouter ce magnifique lied. Et pendant ce temps, intéressons-nous un peu à l'histoire racontée là.
Bon, j'ai cherché la traduction sur internet, mais je n'ai rien trouvé, alors il va falloir puiser dans ce qui me reste de l'allemand appris au collège et au lycée. Allons-y... C'est un peintre qui peint sur des cailloux. Il peint... des moutons. Des moutons ? Non... attendez ! C'est pas un peintre, c'est un pâtre, ce qui explique les moutons, et il EST sur un caillou, enfin... un rocher quoi, sûrement pour mieux surveiller ses moutons. Il regarde à gauche, y'a des moutons ; à droite, des moutons ; devant, des moutons ; derrière, il ne voit pas mais attendez... il se retourne... des moutons !
Tout à coup, y'a un mouton de droite qui commence à passer devant le rocher. Le pâtre s'interroge... il est bizarre ce mouton, pourquoi il fait ça ? Ah oui... pour aller de l'autre côté !
Au bout d'une heure ou deux, il voit une silhouette à l'horizon qui semble venir vers lui. C'est... l'homme du Picardie ? Non, c'est Pat, un collègue. Une ou deux heures plus tard, ils discutent gaiement :
- Tu sais ?
- Mmmh ?
- Ben...
- Mmmh ?
- J'sais pas...
- Quoi ?
- J'arrive pas à me faire à l'idée qu'on est jeudi !

jeudi 12 juin 2008

Te fais pas de bile, Tony !

Un petit solo de batterie de temps en temps, ça ne fait pas de mal à condition que ça ne dure pas trop longtemps. C'est le cas ici : Tony Williams en 1972. Il avait à peine 17 ans quand Miles l'a engagé dans son deuxième quintette en 1962 et il n'a pas quitté le top des batteurs jusqu'à sa mort d'une crise cardiaque en 1997. Une crise cardiaque... hum, comment dire, à le voir jouer ici de façon si déraisonnable, on n'est pas surpris ! Euh... non en fait, sa crise cardiaque résulte d'une banale opération de la vésicule biliaire. D'où le titre... très délicat !

vendredi 6 juin 2008

Vol de nuit

On n'a pas des masses de vidéos de Gabor Szabo, alors dites-vous une chose : elles finiront toutes un jour ou l'autre sur ce blog. Je me régale, et j'espère bien que je ne suis pas le seul ! "Nightflight" :

mardi 3 juin 2008

Cantaloupe Island

Un moment de détente avec l'un des plus grands tubes du hard bop, "Cantaloupe Island" de Herbie Hancock, joué par les mêmes qui l'avaient créé en studio (si vous voulez comparer, je l'ai déjà mise en écoute lors de ma première note sur Herbie Hancock) sur l'album "Empyrean Isles", en 1964 : Ron Carter et Tony Williams, la rythmique du Miles Davis Quintet de l'époque et Freddie Hubbard, qui nous livre ici deux solos époustouflants dont un qui semble ne pas avoir été prévu ! Ajoutez Joe Henderson au ténor, cela ne gâtera pas la sauce, au contraire !

dimanche 1 juin 2008

Un en deux, deux en un

En 1979, Max Roach s'associe avec Anthony Braxton pour un disque intitulé "One in two, two in one". Roach, qui sait ce que c'est qu'une révolution musicale puisqu'il a été au coeur de l'explosion bop depuis le tout début, s'est tout de suite intéressé au free. Ce n'est pas l'un de ces révolutionnaires qui s'embourgeoisent en vieillissant, pour finir par discourir sur la mort du jazz !
Pour en revenir à ce disque, ce n'est pas le premier duo entre un souffleur et un batteur. Coltrane est passé par là avec Rashied Ali. Mais ce disque est très différent de l'austère "Interstellar space", peut-être parce que Braxton joue de multiples instruments (saxophones alto, soprano et sopranino, clarinette et clarinette contrebasse, flûte) de même que Roach, qui utilise notamment des gongs et autres cloches. Don Cherry & Ed Blackwell les ont aussi précédés avec le magnifique "Mu", mais ils agrémentaient l'album d'éléments de world music que l'on ne trouvera pas ici : cet enregistrement, en public de surcroit, est totalement free et improvisé, tout en évitant d'être abscons ou ennuyeux, il est même passionnant de bout en bout. Il est composé de deux parties de plus d'une demi-heure chacune, curieusement intitulées Part I et Part II, ce qui laisse à penser que c'est Roach et non Braxton qui a choisi les titres.
Voici, pour donner envie, l'ouverture de la première partie de ce chef d'oeuvre :

Malheureusement, cette musique est devenue introuvable !
En attendant de la retrouver, voici les mêmes un an plus tôt.