C'est l'automne, les feuilles tombent, les jours raccourcissent, et... le Z-Band publie. Sujet : les Big Bands.
J'ai choisi, quant à moi d'évoquer un artiste qui n'a pas beaucoup fréquenté les Big Bands, étant par nature solitaire et renfermé : Monk.
Qui voudrait déguster Monk en Big Band doit se méfier. En effet, si vous achetez sans bien regarder l'étiquette, vous pouvez aussi bien tomber sur du jazz 100% Monk, que sur de l'Oliver Nelson avec quelques pépites de Monk éparpillées de ci de là.
Je m'explique :
Comme chacun sait, Monk n'est pas mort d'un coup, comme le commun des mortels. Il a connu, entre 1967 et 1977, une période d'effacement, laissant son ombre se faire trimballer d'enregistrements en concerts plus ou moins foireux, manipulé par des producteurs, et même des confrères comme Dizzy Gillespie, utilisant sa notoriété, devenue immense dans les années 60, pour se faire des pâtes encore !
A cette époque, Monk agit comme une espèce de zombie sans volonté et laisse l'orchestre massacrer sa musique sans réagir, tandis qu'il est lui-même réduit à un rôle ingrat d'accompagnateur. Et ceci, jusqu'àu degré suivant de dissolution : de 1977 à 1982, période pendant laquelle il ne reste plus que l'enveloppe charnelle de Thelonious, immobile et silencieuse.
Donc, Monk et les Big Bands : que faut-il écouter ?
Deux enregistrements en concert :
- 1959, The Thelonious Monk Orchestra at Town Hall, que voici en écoute :
Découvrez la playlist Monk Orchestra at Town Hall avec Thelonious Monk
- 1963, Big Band and Quartet in Concert
Ces deux sessions ont été arrangées par Hall Overton, en concertation avec un Thelonious alerte et en pleine possession de ses moyens. Avec 9 musiciens, en plus de Monk, et non des moindres. Il est à noter la participation de Steve Lacy, en 1963, mais il ne prend, malheureusement pas, de solo.
Ces deux enregistrements sont de pures merveilles. Rien d'autre que Monk à la puissance dix, une véritable explosion, un summum absolu.
Quand au disque de 1968, Monk's Blues, on peut difficilement le qualifier de dernier enregistrement de Monk. Il n'était déjà plus là. Tout au plus peut-on le considérer comme un album d'Oliver Nelson, que l'on aurait pu intituler "The Oliver Nelson's Orchestra Plays The Music of Thelonious Monk", en ajoutant "Featuring the shadow of Thelonious himself".
Faut-il en conclure qu'il est à jeter ?
Certainement pas, il reste très agréable à écouter. Mais il faut se garder de le comparer aux deux autres albums de Monk en Big Band, et si Columbia avait eu la moindre décence, ils n'auraient pas regroupé dans un même double album, à la pochette pourtant si fabuleuse (voir image d'introduction), un disque de grand chocolat à 85% de cacao et un disque de nutella !
J'en ai terminé, mais n'oubliez pas d'aller jeter un oeil aux contributions à ce sujet de mes camarades du Z-Band :
Carine Bonnefoy sur Cool de Source
G9 Gipfel Berlin sur Jazz à Berlin
Xtet / Bruno Reigner sur Jazz O Centre
P.O.M. (putain d’orchestre modulaire) sur Z et le Jazz
le MegaOctet d'Andy Emler sur Belette & Jazz
Fanfare du Belgistan / Le Spoumj / le Surnatural Orchestra sur Jazz à Paris
DJBigBand-AkaMoon sur Jazzques