dimanche 18 avril 2010
Le dernier rugissement d'El Gato
Je suis, miraculeusement tombé sur cet album de Gato Barbieri que je cherchais depuis très longtemps. C'est un album charnière à plus d'un égard.
Tout d'abord, son line-up est entièrement renouvelé et, même si on peut regretter l'absence du grand Lonnie Liston Smith au clavier, il faut reconnaître que ce Jorge Dalto n'est pas mal non plus. On trouvera aussi, à la guitare, un très bon Paul Metzke qui nous console de l'absence d'une confrontation de Gato avec Santana (ces deux-là semblaient pourtant faits pour se trouver). Quant au bassiste, ce n'est autre que l'immense Ron Carter.
De plus, cet album tranche par rapport aux précédents, Bolivia et Latino America, comme une sorte de retour au jazz.
Ce retour sera de courte durée.
En effet, ayant sans doute besoin de refaire sa cuisine, ce popeye du saxophone décida de mettre un peu de beurre dans ses épinards. Au début, ce fut simplement des épinards beurrés ("Caliente" en 76, "Ruby, Ruby" en 78), puis on eut droit à du beurre parfumé aux épinards, et enfin, du beurre 100% matière grasse.
On peut donc considérer ce disque comme le dernier chef d'oeuvre d'El Gato, avant que sa musique ne se transforme en musique d'ambiance latine, une sorte de musique d'ascenseur, mais faite par un génie qui avait su nous faire descendre à genoux toutes les marches vers un enfer sonore, fait de gémissements, de cris stridents, de hurlements, maintenant remplacés par un simple ronronnement.
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