jeudi 16 octobre 2008

Krautrock, cékoidon ?

Il y a trop longtemps que je repousse ce moment, il est temps que je parle du Krautrock. A vrai dire, j'en veux beaucoup à la critique d'avoir laissé dans l'ombre cet immense pan du rock des années 70. Il aura fallu l'obstination d'Arnaud Le Goüefflec pour qu'enfin je renonce à mes préjugés contre le rock allemand. Pourquoi cet ostracisme, ou ce dédain de la presse rock de l'époque ? Tout simplement, ces musiciens avaient un pied dans le passé, ce qui a masqué le fait qu'ils en avaient deux dans le futur (oui, oui, c'étaient des tripodes... en tout cas de sacrés extra-terrestres !).
Ce pied dans le passé, c'est leur look ; ils n'étaient pas sortis du psychédélisme (cette photo de Can en atteste), vivaient en communauté et se shootaient au LSD alors que plus personne ne voulait entendre parler de flower power. Si les critiques de l'époque avaient fait plus confiance à leurs oreilles qu'à leurs yeux, ils se seraient rendu compte que cette musique avait beaucoup plus à voir avec le Velvet Underground première période, avec Frank Zappa, avec les Stooges, avec le rock garage US, qu'avec Grateful Dead. Leur musique est plus pré-punk que psychédélique.
Au lieu de ça, que nous a-t-on vendu ? Deux courants principaux du rock anglais : le blues-rock à la Led Zeppelin et autres Free, ou bien le progrock, musique sophistiquée et intellectuelle, empruntant largement au free jazz dans le meilleur des cas (Soft Machine, Hatfield & the North, Henry Cow...) et monstrueusement boursouflée et prétentieuse dans le pire (Yes, Genesis, Emerson, Lake & Palmer...). Mais bon sang de bois ! Ne pouvait-on entendre l'évidence : le Krautrock combine le meilleur de ces deux styles. Une inventivité de tous les instants, des improvisations de fous, dans des jams de 15 à 25 minutes, et tout ça avec une énergie... et des guitares... à réveiller un mort, et même peut-être un sénateur ! Et, cerise sur le gâteau, un son exceptionnel, dû aux ingénieurs du son de Stockhausen lui-même, alors que le son de Genesis, par exemple, reste pourri de chez pourri, même après restauration numérique !
Pour qui veut découvrir le Krautrock, c'est un puit sans fond. Une quantité incroyable de groupes n'ont jamais passé les frontières de l'Allemagne, mais ceux qui l'ont fait ont modifié profondément la musique et leur influence s'en fait encore sentir : ils sont à l'origine du rock indus, de l'ambiant, et même probablement de la techno. Un seul groupe est vraiment connu : Kraftwerk, mais c'est principalement parce qu'à l'instar de Pink Floyd, ils sont passés du rock expérimental le plus ardu à une musique plus accessible, leur permettant de toucher un large public.
Il existe, en tout cas, un groupe qui devrait avoir une notoriété supérieure à celle de Pink Floyd, le groupe phare du Krautrock, ceux qui ont inventé ce terme, comme une boutade, dans un titre de chanson ( Krautrock signifie "rock choucroute") : Amon Düül II. Ce groupe est peut-être le plus grand groupe de rock de tous les temps et j'y reviendrais... parce que là maintenant, je commence à fatiguer !
En attendant, si vous trouvez que j'exagère, écoutez moi cette merveille : tout simplement le premier morceau (Kanaan) du premier disque d'Amon Düül II (Phallus Dei en 1969). Tout le Krautrock est là !

2 commentaires:

  1. Il faut garder la tête froide. Décrire techniquement, scientifiquement ce qu'est le krautrock, sans fioritures et sans lyrisme inutile: le krautrock est la musique de la déesse mère! La fusion des énergies cosmiques!! Le grand ruissellement ontologique!!! Le rocher de la caverne sonique d'Ali baba!!!! Le tumulus ultime du Grand Dragon archétypal!!!!!! Rââââââh!!!!!!!!! Arnaud

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  2. Ah que j'aime quand tu es froid et obectif !
    Quelqu'un a une serpillère ?

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