dimanche 4 janvier 2009

Erik satire


Erik Satie est bien connu des musiciens de jazz, autant que Debussy et Ravel, bien que son importance dans la musique classique du vingtième siècle soit bien moindre, voire insignifiante à côté de ces deux géants. Ses gymnopédies et gnossiennes en sont évidemment pour beaucoup. Elles ont fasciné des générations de musiciens pour leur aptitude à susciter les rêveries orientales, et ceci avec une économie de moyens impressionnante. Les inventeurs du jazz modal sauront s'en souvenir, à commencer par Bill Evans dont le morceau "Peace piece" (que vous pouvez retrouver ici) s'inspire clairement de Satie.
Une autre raison de s'intéresser à Satie est son goût pour l'absurde et la provocation dada que l'on retrouve, non pas malheureusement dans sa musique, qui reste souvent très sérieuse, mais dans les titres de ses morceaux ainsi que dans les annotations des partitions, destinées à n'être lues que par les interprètes ("Vivache" à la place de Vivace, "De manière à former un creux"...).

Quelques exemples de titre d'oeuvres pour piano :

- Croquis et agaceries d'un gros bonhomme en bois
- Préludes flasques pour un chien
- Trois morceaux en forme de poire
- La belle excentrique, fantaisie sérieuse pour piano à quatre mains
- Embryons desséchés
- Les trois valses du précieux dégouté (une vacherie envers Ravel)
- Préludes en tapisserie

En écoute, deux morceaux :

- Tout d'abord, la première gymnopédie interprétée, sans valeur ajoutée d'ailleurs, par Yusef Lateef.
- Et, plus drôle, et même hilarant, "Chez le docteur", une de ces chansons alimentaires que Satie a par la suite reniées, sur des paroles du chansonnier Vincent Hyspa dont il fut l'accompagnateur au piano, au cabaret "Le chat noir".


6 commentaires:

  1. Quand j'étais student, un soir après une séance de minuit au cinoche au boulmich' on a glissé vers Honfleur avec les appareils photo. L'histoire de se faire un pti lever de soleil sur la ville, le port et ses rues ... comme d'hab, photos de reflets dans les vitrines, photos d'ombres naissantes et les derniers bateaux de pêche... et je me souviens que je sifflotais dans ma tête une gymnopédie parce que cela convenait bien à la mood de ce moment de fatigue, de belle lumière et d'émerveillement de ce jour naissant libre de sommeil... Et puis dans une petite rue pas trop loin du port, le face à face surprise avec une maison et sa plaque sur la porte "ici est né Eric Satie"...
    ;-)

    mes versions de référence pour Satie : Jean Joël Barbier

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  2. J'ai, quant à moi, l'intégrale d'Aldo Ciccollini et c'est une merveille !

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  3. Voila un billet qui me Sati se fait.

    Ouai, bon d'accord, le jeu de mot est nul...

    Ahhh les Gymnopédies, une mmerveille.
    Il me semble que Mal Waldron s'y est collé aussi, non?
    En tous les cas ça lui ressemble.
    Magali Souriau, pianiste "jazz" à repris assi les gymnopédies.

    En revanche, je ne suis pas très fan de tous ces jeux de mots un peu potaches, qui ont moins bien vieillis que la musique, je trouve...

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  4. Ils ont très mal vieilli, oui !
    En revanche, certaines mélodies plus sérieuses sont de vrais petits bijoux.

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  5. Merci pour cette version de Yusef Lateef que je ne connaissais pas et qui vaut le détour et bravo pour le blog super intéressant !

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  6. > schizoid

    Merci !
    Le morceau de Yusef est tiré de l'album "Psychicemotus" (1965).

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