dimanche 22 mars 2009
Paul Bley et ses muses
Quelque part à mi-chemin entre Keith Jarrett et Cecil Taylor, et peut-être oscillant entre les deux, se trouve un pianiste magnifique qui peut satisfaire ceux qui sont fatigués de l'exhibitionnisme de l'un et effrayés par la radicalité de l'autre. Je veux parler de Paul Bley.
Avant tout, Paul Bley est un instrumentiste virtuose. A cinq ans, il est déjà un prodige du violon, à huit ans il commence le piano et entre au McGill Conservatorium de Montreal, à onze ans il obtient son diplôme. A 23 ans (en 1953), après avoir joué à la télévision canadienne avec Charlie Parker himself, il enregistre son premier disque en trio avec rien de moins que Charles Mingus et Art Blakey ! C'est lui qui mettra le pied à l'étrier à Ornette Coleman, en l'engageant avec Don Cherry, Charlie Haden et Billy Higgins en 1958, au Hillcrest Club de Los-Angeles.
Pour ce qui est de la composition, Paul Bley s'en remet à ses femmes, Carla Bley pour commencer, puis Annette Peacock, toutes deux formidables créatrices et innovatrices. Voici un bel exemple composé par Carla : "Ida Lupino", morceau tiré de l'album en solo "Open to Love" (1972), qui a, très certainement, fortement influencé Jarrett :
Pour se faire une idée de l'originalité d'Annette Peacock, bien moins célèbre que Carla, il faut s'écouter cet album incroyable et malheureusement difficile à trouver : "The Synthetiser show" (1970). Cet album est ni plus ni moins qu'un cas extrèmement rare de krautjazz. Il faut dire qu'Annette Peacock est une pionnière de la musique électronique, l'une des premières à avoir utilisé un orgue Moog et à avoir trituré électroniquement sa voix. En voici un extrait :
En dix ans de mariage, pour Carla Bley (1957-1967) et cinq ans, pour Annette Peacock (1967-1972), ces deux femmes auront eu une profonde influence sur la musique de Paul Bley. Dans chacun de ses disques on trouve une bonne proportion, si ce n'est la totalité de morceaux composés par ses deux muses.
J'ai déjà parlé, dans ce blog de Carla, il faut maintenant que je fouille un peu pour préparer une prochaine note sur Annette. A suivre donc...
Terminons par une vidéo, période Starsky & Hutch, pour faire un peu plus le tour du bonhomme :
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Ecouter également Annette Peacock sur le premier disque solo de Bill Brufford... Belle intervention !
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