jeudi 7 février 2008

Faisons de l'art, ensemble

L'Art Ensemble of Chicago est peut-être le groupe le plus free qui existe. Je ne veux pas dire : le plus radical. Non, ils sont libres au sens premier du terme : ils font exactement ce dont ils ont envie, ne s'interdisent rien, ne remplacent pas d'anciennes obligations par de nouvelles. Par exemple, ils ne s'obligent pas à une improvisation collective permanente, ils ne s'interdisent pas de jouer quelque chose de construit, ils peuvent swinguer quand ils veulent, incorporent à leur musique des rythmes africains, du New-Orleans, du bop, du funk, et c'est toujours une création originale, qui ne ressemble pas à la précédente.
Certes, ils sont parfois ennuyeux, un peu trop conceptuels, mais ce n'est pas une pose, ce n'est peut-être même pas conscient. Il y a chez eux une authenticité qui force le respect et qui les pousse à avancer en se foutant du reste.
S'il est un disque qui montre l'étendue de leurs talents c'est bien "Les stances à Sophie" (1970), musique conçue pour un film et finalement non utilisée, mais heureusement enregistrée ! Cet album est l'un des plus beaux disques de free jazz, et de jazz tout court, ayant jamais existé. Il est à placer à mi chemin entre Eric Dolphy, pour la finesse et Pharoah Sanders, pour l'inventivité instrumentale. Il est à noter la présence de la fabuleuse chanteuse soul Fontella Bass, alors mariée à Lester Bowie, et qui chante sur deux des titres. Ce disque constitue une bonne porte d'entrée dans le free, il n'est jamais austère ni froid, il commence même sur un titre très funky, à la suite de quoi on va de surprise en surprise.
En écoute : "Thème de l'amour universel", un élément parmi d'autres, mais attention : impossible de réduire le disque à cette ambiance, il ne s'y trouve pas deux morceaux ressemblants !

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