jeudi 30 août 2007
Les sons de Yusef
Il existe un musicien qui peut être considéré comme un précurseur de la World Music, un musicien de jazz qui n'a jamais accepté cette étiquette et qui a même déclaré n'avoir jamais joué de jazz de sa vie. Cet artiste hors norme, se nommait William Emanuel Huddleston et il fut aussi l'un des premiers sinon le premier musicien de jazz à se convertir à l'islam et à changer de nom. Il est plus connu sous le nom de Yusef Lateef.
Jamais joué de jazz ? Allons donc, même dans l'orchestre de Dizzy Gillespie ? Même dans le quintette des frères Adderley ? En tout cas, pour lui, c'était tout simplement de la musique.
On a souvent considéré Dizzy comme le précurseur de la World Music, mais Diz s'est juste contenté d'ajouter à son orchestre des percussions cubaines, et il jouait toujours du jazz. Yusef, lui s'est imprégné de musique africaine et orientale, au point de jouer une musique profondément originale qui, à l'époque (la fin des années 50) n'était pas considérée comme du jazz. Coltrane s'est fortement inspiré de sa musique quand il a enregistré India, Africa/Brass ou Olé.
Trane et Yusef se sont rencontrés dans l'orchestre de Dizzy Gillespie et, pendant les nombreux trajets en car lors des tournées, Yusef éveillait l'intérêt de John pour la religion et la philosophie, lui conseillant de lire Khalil Gibran, le Coran et Krishnamurti et lui prêtant ses livres.
Yusef Lateef est aussi l'un des plus grands poly-instrumentistes du jazz. Son instrument de base est le saxophone ténor, mais il joue aussi de toutes sortes de flûtes, du hautbois, du basson ainsi que divers instruments originaires d'Afrique ou d'Asie.
Sur "Love and humor", tiré de "The sounds of Yusef", il joue même, en plus de la flûte, du goulot de bouteille de Seven Up et de la surface de ballon gonflable, ce qui en 1957 peut être considéré comme de l'avant-garde ! Ce morceau qui, comme son titre l'indique ne doit pas être considéré trop sérieusement est d'humeur orientale et commence sur un coup de gong, ce qui ne gâte rien !
En l'écoutant, méditons ces paroles de Yusef, dont le moins que l'on puisse dire c'est que lui, au moins, sait ce que veut dire être "aware" : "«Après avoir passé trente ans à apprendre, un musicien doit tout oublier, afin de trouver ce son qui est le miroir de l'âme. S'il parvient à allier son cœur à sa raison, il ne sera plus effrayé par le fait de choisir entre deux notes, deux harmonies, un silence ou un cri. Son esprit le conduira à jeter le superflu pour atteindre l'essentiel.»
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
merci merci pour tes 4 dernières notes (de musique hi hi !) Carla Bley et Barbieri je connais (si peu) mais les extraits que tu proposes de tous : superbes, je découvre alléchée, je vois des images et des sensations et vraiment pouce levé pour ton blog, ta façon drôle et tendre de raconter des histoires et chapeau bas
RépondreSupprimeranne j.
Voici une Anne o' Nyme qui ne l'est pas !
RépondreSupprimerA bientôt.
Ce blog est passionnant et son auteur est beau
RépondreSupprimerArnaud LG
et musclé !
RépondreSupprimermoi je n'étais rien et voilà qu'au jourd'hui je l'aime a mourir...
RépondreSupprimernicolas c.
Yusef, magnifique musicien !!!
RépondreSupprimerSerein & réfléchi
Profondeur du son !!!
Encore actif aujourd'hui d'ailleurs, avec Adam Rudolph.
écoutez "In a little spanish town", sur The Doctor is in & out" !!!
L'animal Yusef pose un superbe solo d'alto sur une chanson de mariachi bavée par un vinyle qui crache !
Ou encore les vocalises pleines de ferveur GOSPEL du ténor sur His Eye is on the Sparrow (album Hush & Thunder).
Que de surprises !!!