dimanche 11 novembre 2007

Le camarade Chostakovitch brouille l'écoute

Dmitri Chostakovitch est principalement connu du grand public pour une musiquette intitulée "Jazz suite", qui n'a de jazz que le nom et qui a servi pour une publicité ; affligeant, non ?
Qu'a-t-il fait d'autre ? La critique musicale considère qu'il y a deux aspects de l'oeuvre de Chostakovitch : les oeuvres personnelles et secrètes et les oeuvres de commande pour le parti communiste. Il faut dire que, contrairement à Stravinsky par exemple, il a choisi de rester en U.R.S.S. et a donc du composer avec le pouvoir (ses relations avec Staline sont très tendues) afin d'éviter d'être traîté comme un artiste "dégénéré".
Ses oeuvres personnelles (je veux dire sans contrainte) sont très sombres, à la limite du sinistre. Je leur préfère les oeuvres de commande qui, bien que décriées, me semblent plus intéressantes car elles offrent deux niveaux d'écoute. Prenons, par exemple la cinquième symphonie, elle est censée glorifier le communisme mais elle incorpore des éléments ironiques et grinçants qui détournent sans arrêt la musique de son but initial, tout en laissant à Staline l'impression que le cahier des charges est rempli.
Dans le premier mouvement, après un passage très violent, on entend monter le chant émouvant d'une petite flûte qui, pour moi, est le symbole de l'individu oppressé par le système ; on peut l'entendre dans ce premier extrait, vers 11'35 :

Le mouvement final, qui est supposé être une marche triomphale, est en fait un sommet d'hypocrisie, heureusement passé lui aussi inaperçu : il faut être débile mental, ou... chef de l'état, pour croire que cette musique glorifie le communisme.
Ecoutez la fin de la symphonie :

1 commentaire:

  1. Elle est fantastique cette symphonie.
    Du grand Malher, l'humour en plus.

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