dimanche 18 novembre 2007

Sonate à creuser

Janacek occupe dans la musique tchèque à peu près la même position que Charles Yves dans la musique américaine, on leur a préféré dans leur pays un compositeur pompeux glorifiant la nation : Copland pour Yves et Smetana pour Janacek.
Janacek est Le génie de la musique tchèque, bien plus original que Dvorak dont il est le cadet d'une quinzaine d'années. En fait, il doit même être considéré comme un des grands de la musique du vingtième siècle, bien qu'il soit né en 1854 ; en effet, sa pleine période créatrice se situe vers la fin de sa vie, sa musique étant alors d'avant-garde mais d'une façon autre que celle de l'école dodécaphoniste. C'est surtout dans l'opéra qu'il a innové, en développant un chant très proche du langage parlé, tout en restant très mélodique. Son opéra "La petite renarde rusée" est une merveille de glorification de la nature, pleine de naïveté panthéiste ; une musique qui ne ressemble à aucune autre et qui vous reste longtemps en tête.
C'est par ses deux quatuors, "Sonate à Kreutzer" (d'après Tolstoï) et "Lettres intimes", que j'ai découvert Janacek et, dès lors, je ne l'ai plus quitté. Il a fini par prendre pour moi autant d'importance que Debussy.
Voici le premier mouvement du quatuor "Sonate à Kreutzer", une musique étrange, sensuelle, tantôt douce, tantôt brutale, dépourvue de toute pose intellectuelle, à l'image de la littérature tchèque :

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