vendredi 2 novembre 2007

L'espadon qui jouait du trombone

Tom Waits et Bruce Springsteen ont commencé au même moment, leurs premiers disques datent de 1973. Tous les deux sont des songwriters avec en plus une grande qualité : pour Bruce, l'énergie et pour Tom, l'inventivité. Springsteen est devenu l'icône du rock que l'on sait. Tom Waits est devenu... un génie !
Je reparlerais de Bruce plus tard, et surtout des fausses idées que l'on se fait de lui en France, but Tom doesn't wait. J'ai découvert Tom Waits avec l'album "Swordfishtrombones" en 1983, soit un an avant "Born in the USA" de Springsteen, et on peut dire que dix ans après leurs premiers disques, l'écart entre les deux artistes est devenu énorme. Après des débuts comme crooner un peu destroy, Tom Waits a carrément basculé dans l'underground, et c'est d'ailleurs le titre du premier morceau du disque. Tout cet album parait déglingué, à commencer par la pochette, et le nom qui me semble intraduisible (Google propose "espadon du trombone" en mot à mot, si quelqu'un peut éclairer ma lanterne , je suis preneur). L'ensemble baigne dans une ambiance de bric à brac de bruitages, de blues, de musique de bastringue ou de cirque, et semble contenir le monde entier, comme une symphonie de Mahler. A l'écouter attentivement, on se dit que, si manifestement beaucoup de fées se sont penchées sur le berceau du petit Tom, au moins l'une d'entre elles était bourrée, une autre camée jusqu'aux yeux et une troisième schizophrène. Quant à la voix de Tom, il l'a modelée jusqu'à l'extrème et lui fait subir ce que Coltrane faisait subir à son saxo : voix rauque, voix de velours, voix de fausset, c'est un instrument à part entière.
Choisir un morceau c'est trahir l'esprit de l'album, mais puisqu'il le faut, autant choisir "Swordfishtrombone" :

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