- J'ai un problème docteur, je n'arrive pas à éprouver la moindre émotion lorsque j'écoute Sonny Rollins.
- C'est effectivement inhabituel ! Vous savez pourtant que Rollins est la principale référence, après Coltrane, pour tous les saxophonistes issus des années 60 ?
- Eh oui, je le sais bien, mais il me laisse froid et son jeu de saxo m'est complètement indifférent ! Comme en plus il a relativement peu composé, je ne retiens rien de lui.
- Même pas sa période hard bop ?
- Si, quand même ! Je ne peux pas ignorer les disques avec Monk, avec Clifford Brown et Max Roach, mais... c'est eux que j'aime, pas Rollins. Par contre, dès qu'il commence à se passer de piano, je décroche, je m'endors.
- Et "The bridge", quand il revient en 62, après sa période de retrait ?
- Oui, c'est bien... je l'écoute de temps en temps, mais j'ai toujours cette sensation bizarre qu'il ne finit pas ses phrases, et ça m'agace ! On est loin des nappes de sons de Coltrane ! Et puis, les morceaux ne sont pas terribles : des standards encore, à part un ou deux titres originaux.
- A partir de cet album il devient quand même plus original !
- Parlons-en ! Quand il joue avec les musiciens d'Ornette Coleman, on dirait une carpe mainstream au milieu de lapins free ! Et ensuite, ça empire, il se met à jouer de la biguine et de la calypso, on est loin du tragique coltranien...
- Bon, écoutez... je ne peux rien pour vous ; il semble que vous aimiez trop Coltrane pour apprécier Rollins. Mais, vous savez, on ne passe pas forcément pour un imbécile lorsqu'on affirme ne pas aimer Rollins. Je suis même persuadé qu'il existe d'autres amateurs de jazz dans votre cas.
- Vous croyez, docteur... Vous ne dites pas ça pour me rassurer, au moins ?
- Euh... Pour être honnête... Bon allez, choisissez nous un morceau, pour voir !
- "Valse hot" en 1956, celui là est vraiment superbe...
- ... avec Roach et Brown !
- Eh oui... Désolé !
Moi c'est Tatum ! Beaucoup essayé mais sans réussite ... sauf 2 albums de 1956, l'un avec Red Callender et Jo Jones l'autre avec les mêmes ET l'impérial Ben Webster ! Indispensables !
RépondreSupprimerPour Sonny, suis comme toi , mais ça et là on trouve de belles choses offertes avec générosité et surtout ce grain charnel et sensuel assez unique où la note est gonflée de l'intérieur comme une pâte de verre
Comme c'est joliment dit ! L'oppossum serait-il un peu poète ?
RépondreSupprimerBen c'est pareil pour moi. A cause de (enfin grace à) Coltrane. Mais avant de lire ce billet, ça me paraissait tellement inconcevable que je me disais : "c'est parce que tu ne connais pas assez" (ce qui est tout de même vrai).
RépondreSupprimerBon. Le son de Rollins quand même, c'est bien.
Ah, pour ça, c'est vrai : Sonny est un grand qu'a l'son !
RépondreSupprimerje connais assez mal sa discographie mais j'en possède un de très très bon:
RépondreSupprimerSonny Rollins and the Contemporary Leaders
avec:
Sonny Rollins (ts)
Victor Feldman (vib)
Hampton Hawes (p)
Barney Kessel (g)
Leroy Vinnegar (b)
Shelly Manne (d)