mercredi 19 septembre 2007

Cecil, t'es l'or !


En 1956, quand Cecil Taylor a commencé à jouer en tant que leader, John Coltrane était encore chez Miles Davis et Ornette Coleman était garçon d'ascenseur ! Cecil était alors l'artiste le plus en avance sur son temps. Aujourd'hui, alors que Coltrane est mort depuis 40 ans et que Coleman approche les 78 ans, Cecil, d'un an son aîné, est toujours le plus radical. Le moins que l'on puisse dire c'est que la musique de Cecil Taylor n'est pas pour toutes les oreilles !
A ses débuts, personne ne voulait l'engager : "Je n'ai jamais été autorisé à rentrer dans le business de la musique, parce que je n'étais pas une personne bien élevée, selon les critères des gangsters qui contrôlent ce business. Ce que je faisais n'était pas viable, un joli mot pour dire que ça ne faisait pas un rond, ou qu'ils ne voyaient pas comment ils auraient pu faire de l'argent."
Jusqu'aux années 70, les critiques le traitaient plus bas que terre, et ses "collègues" jazzmen n'étaient pas tendres non plus ; tous les artistes mainstream affirmaient dans les interviews que sa musique était de la merde et, même selon les critères du free, il était considéré comme difficile. Une chose était sûre : sa musique n'était pas du jazz ! " Je ne sais pas ce qu'est le jazz. Et la plupart de ce que les gens considèrent comme du jazz, je ne pense pas que ça en soit du tout. En fait, je ne pense pas que ce terme ait une quelconque signification."
Dans les années 70, enfin, le succès critique arriva, et il obtint même une bourse de la fondation Guggenheim. Quant au succès public... n'ayant pas adouci sa musique d'un iota, il fût obligé de créer sa propre maison de disques Unit Core, faute d'être accepté par les compagnies existantes.
L'extrait que j'ai choisi date de 1958 et s'intitule "E.B". Cette musique n'est pas encore trop difficile, mais le jeu de piano de Taylor est déjà fortement original : il joue de son piano comme d'un instrument de percussions, un peu comme Monk, mais en plus surprenant encore.
Pour terminer, laissons encore une fois la parole à Cecil Taylor. En 2000, à un interviewer qui lui demande s'il se sent toujours insulté quand les gens utilisent le terme "jazz" pour décrire ce qu'il fait, il répond :" Ellington a dit un jour à Gillespie ' pourquoi les laisses-tu appeler ta musique bebop ? J'appelle ma musique Ellingtonia !'. Il s'agit de musique américaine qui n'a jamais existé dans le monde avant qu'on la fasse."

1 commentaire:

  1. J'ai vu Cecil Taylor au New Mornin' il y a une quinzaine d'année... il n'en ai rien sorti... rien de rien !
    chui passé à coté...

    dommage !

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