jeudi 13 septembre 2007

Faut pas prendre Donald pour un Mickey !


En 1972, alors qu'elle l'avait encensé jusque là pour ses superbes albums de hard bop, la critique jazz commence à descendre Donald Byrd en flammes. Qu'a-t-il fait pour mériter ça, lui le superbe trompettiste, l'un des meilleurs des années 60 avec Lee Morgan et Freddie Hubbard, lui qui a joué avec Coltrane, Rollins, Silver entre autres pointures, et qui a enregistré quelques perles de hard bop en tant que leader ? Eh bien, il a commis le suprême sacrilège de mêler le funk et la soul à son jazz et de se payer un succès monstre : l'album "Black Byrd" est l'une des meilleures ventes de la firme Blue Note.
Si encore il en avait fait une musique chiante comme celle du Miles Davis de l'époque "Bitches brew", il aurait été pardonné (une musique où on s'emmerde autant, si ce n'est pas commercial c'est forcément génial !), mais non c'est un disque avec lequel on s'éclate franchement ! En plus de ça il a récidivé et a fini par devenir une icône du funk, ses disques du début des années 70 sont devenus un gigantesque gisement de samples. Ajoutons qu'à la suite du succès de l'album "Black Byrd", il a créé, en choisissant ses étudiants les plus doués (il enseigne à l'université de Howard à Washington où il est docteur en musique et président du département de musique noire), le groupe de funk The Blackbyrds, à peu près au moment où Herbie Hancock formait The Headhunters à la suite du triomphe du disque éponyme.
On peut donc se réjouir qu'au moment où le jazz mainstream s'affaiblisse dans une désespérante fusion tiedasse, il nourisse en retour le funk. Et quelle nourriture ! Je conseille aux amateurs intéressés d'écouter le fabuleux "Street Lady" (1973) dont est tiré "Miss Kane", en écoute plus bas, et aux puristes du jazz d'aller se siroter un brouet de sorcière et de s'étouffer avec.

2 commentaires:

  1. Ah Donald Byrd, un son si particulier, si léger... Il faut aussi dire que pendant sa période Jazz Funk, il a bien été aidé par les producteurs Mizell, qui feront brillé d'autres jazzmen avec la même patte musicale ( Gary Bartz, Bobbi Humphrey, The BlackByrds...)

    Je ne connais pas sa discographie pré 1970, je crois que je vais m'ateler à cette tâche :)

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  2. Les frangins Mizzel ont aussi produit Johnny Hammond Smith : "Gambler's Life" & "Gears" !!!

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