samedi 23 juin 2007
Brillant dans les coins !
Thelonious Monk est réputé pour ses compositions bizarres et difficiles à jouer. En réalité, elles sont bizarres et difficiles pour les musiciens qui les jouent, mais pour l'auditeur tout va bien ! C'est un peu comme pour Debussy, sa musique bouleverse toutes les règles établies mais elle ne choque pas l'oreille. De nos jours, les musiciens de jazz sont familiarisés avec les écueils de la musique de Monk, ils ont vu pire.
En 1956, par contre, il en va autrement ! Le producteur Orrin Keepnews pensait avoir tout prévu pour que tout se passe bien pour l'enregistrement de cette session ; parmi les accompagnateurs de Monk, la crême de la crême : Max Roach, Oscar Pettiford, Sonny Rollins, excusez du peu ! Pourtant, il était dit que le bateau prendrait l'eau. L'iceberg fatal se nomme "Brilliant corners" ; pour trouver un morceau aussi tordu, d'après Laurent De Wilde, pianiste et biographe de Monk, il faudra aller chercher chez Mingus ou Ornette Coleman des années plus tard.
Coltrane disait de la musique de Monk : "Si on rate un accord, c'est comme si on tombait dans une cage d'ascenseur vide". Les musiciens sont à la ramasse, même Rollins n'y arrive pas. Pettiford s'engueule avec Monk et ne rejouera plus jamais avec lui. Il faut dire que Monk n'aide pas ! Lorsqu'on lui demande comment jouer cette musique démentielle, il se contente de répondre : "Tu n'as qu'à jouer ce qui est écrit".
Finalement, après toute une nuit de travail... Ils n'y arriveront pas ! Et c'est Orrin Keepnews qui sauvera les meubles par un astucieux montage de plusieurs prises.
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Donc, en fait, la musique de Monk, c'est un peu comme un fauteuil familier dans lequel on ne parvient pas à s'assoir...?
RépondreSupprimerPlutôt une planche à clous qu'un fauteuil !
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