dimanche 17 juin 2007

Coltrane l'insatisfait


En 1965, quand John Coltrane se sépare de McCoy Tyner et d'Elvin Jones, tout le monde du jazz se sent orphelin. Comment, et surtout pourquoi remplacer ces deux géants qui, tous les deux, sont des références pour leur instrument ? Les deux nouveaux venus sont de quasi-inconnus : Rashied Ali à la batterie et Alice Mc Leod au piano. Alice épousera même John et sera alors considérée comme une espèce de Yoko Ono du jazz.
Encore aujourd'hui, beaucoup de fans de Trane s'arrêtent à cette année jugée fatidique et rejettent la dernière période.
On peut y être allergique, effectivement, mais il faut comprendre : ce n'était pas le genre de Coltrane de stagner et de se satisfaire de lui-même ; McCoy et Elvin étaient arrivés à leur pinnacle, alors que John, lui, était encore en pleine ascension. Il savait ce qu'il voulait et voyait bien que les deux autres ne le suivraient pas.
Lorsqu'on écoute les disques de Coltrane dans l'ordre, on sent bien qu'il est en perpétuelle remise en question, et en même temps, l'impression est celle d'une voiture de course qui fonce vers un mur. La mort l'a arrêté avant le crash final, mais celui-ci était inéluctable. Ses derniers concerts sont d'une radicalité extrème, une espèce de jazz métal d'une violence inouïe ; un magma sonore dominé par la batterie omni-présente, d'où émergent quelques grappes de notes de piano, accompagne les hurlements des saxos (Trane et Pharoah Sanders). Ecoutez ça pendant une heure et vous aurez l'impression d'avoir les oreilles qui saignent. Qu'aurait-il pu faire de plus encore ?
Le silence ! S'il n'était pas mort, il aurait probablement cessé de faire de la musique plutôt que de se répéter ou de revenir en arrière.
Avant d'en arriver aux dernières extrémités des ultimes concerts, les albums studio de la dernière période sont beaucoup plus écoutables, ce sont même parmi ses chefs d'oeuvres pour qui veut s'en donner la peine (quant à moi, j'ai mis 20 ans avant de pouvoir les apprécier, alors... patience !)
Voici "Stellar regions" tiré de l'album du même nom, enregistré en 67, cinq mois avant la mort de Trane. Un morceau calme et détendu, presque zen :
Comme je ne trouve plus de lien pour ce morceau, voici "Seraphic Light", du même album :

1 commentaire:

  1. mais tu es a fond toi, arrete à cette allure la, il n'y aura plus un seul jazzman disponible...encore un qui cve dope a l'epo!

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