samedi 16 juin 2007

Un esprit libre

Dollar Brand a toujours eu le sentiment que le jazz est une musique africaine. Duke Ellington lui a dit : "Tu es béni car tu viens de la source". Il n'a jamais coupé les ponts avec son Afrique du sud natale et sa carrière est faîte d'aller-retours entre Zurich, New-York et Cape Town. Dans le ghetto de kensington à Cape Town, il a appris à libérer son esprit : " Nous lisions Langston Hughes et Richard Wright, Shakespeare, le Bhagavad Gita, Confucius. Nous réalisions que si nous étions emprisonnés, nos esprits, eux, ne l'étaient pas."
Brand est très détaché par rapport aux classements et aux catégories, quand on lui demande si sa musique est de la world music ou du jazz, il aime à citer Louis Armstrong : "All music is folk music : I never heard a horse sing" (intraduisible en français).
Quand il a commencé à composer (très jeune), il a été comparé à Debussy et à Monk "... mais pour nous, ce que Monk faisait était très naturel, son approche rythmique, que les gens trouvaient bizarre, était totalement dans la tradition africaine. Quand je l'ai rencontré et que je l'ai remercié pour toute cette inspiration, il a été vraiment surpris et m'a dit que j'étais le premier pianiste à lui dire ça."
Dans les années 60, Dollar Brand participe à l'explosion du free jazz avec Coltrane, Pharoah Sanders, Cecil Taylor, Don Cherry, Gato Barbieri... "De plus anciens musiciens nous disaient ' Vous brisez les règles'. Nous disions 'Nous connaissons les règles, nous pouvons donc les briser'."
En 1968, il retourne à Cape Town et se convertit à l'Islam. Il est désormais connu sous le nom de Abdullah Ibrahim. J'aime autant : ce nom de "dollar" me génait un peu, apparemment c'était le nom d'une marque de cigarettes très connue dans les années 50 au moment où il a choisi ce pseudonyme en remplacement de ... Adolph. Comme on le comprend ! Mais se doutait-il alors qu'en passant d'Adolph à Dollar il remplaçait un symbole impérialiste par un autre ?
La musique d'Abdullah Ibrahim est unique, c'est un mélange de jazz, de chant des townships, de romantisme et que sais-je encore ? J'aime son côté hypnotique et mélodique à la fois, parfois aussi très festif ou, au contraire, méditatif.
Je n'ai pas pu choisir entre ces morceaux qui le montrent sous deux aspects très différents :
The pilgrim :


Kramat :


1 commentaire:

  1. !mais pourquoi tu ne me l'a jamais présenté celui la? j'adore sa musique, merci ho grand maitre free...

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